Mois: décembre 2017

Jean Gagné

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Jean, c’est l’amour de la vie, le plaisir de partager, d’échanger, de découvrir, de voir, d’apprendre…Sa grande leçon: l’importance de l’amour.

Jean admirait le fait que, derrière toute chose, tout objet, tout instrument de musique, toute œuvre d’art, il y a un être humain qui crée, qui joue, qui invente et qui vit.

Jean, c’est l’enthousiasme.

Merci Jean.

Merci d’avoir été un exemple, un merveilleux grand-papa pour mes enfants. Merci d’avoir été mon ami.

Les nerfs le bedeau

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Il y a quelques jours je suis allé aux funérailles d’un membre de la famille de ma douce. Parmi les invités à l’église, il y avait un couple que je ne connaissais pas, avec un jeune enfant d’environ 5 ans. Après la cérémonie, la salle principale de l’église s’est vidée et les gens se sont dirigés vers le sous-sol pour une réception. Mon amoureuse est restée à discuter avec la maman du petit garçon dont le papa lui, s’était déjà dirigé comme les autres invités, vers la petite rencontre. Je me suis donc retrouvé à deux pas d’un confessionnal, près du petit garçon, de la maman, et de ma conjointe, qui elle, et de là le quiproquo, était cachée aux yeux du bedeau qui arriva juste à ce moment-là. Les deux femmes discutaient.

Il me dévisagea avec une énorme colère contenue et marmonna assez fort pour qu’on l’entende: « Y a pas d’argent pour les lampions… »

Je lui fis la face de l’incompréhension totale.

Ne me laissant pas trop le temps d’intervenir et voyant le regard de la maman sur lui, il explosa, en colère: « Les lampions! Ça coûte cinq piasses ça les lampions! Cinq piasses chaque! Y’en a plein d’allumés!  »

Silence…nous le regardâmes, surpris.

« Y’en a plein d’allumés, pis y’a pas une cenne dans’ a boîte!

Il fit une petite pause, puis, dans un élan du coeur:

« C’tu écoeurant! »

Et finalement, il me regarda et dit:

« Je les ai éteint! »

Puis il m’envoya plein de flammèches avec ses yeux et claqua la porte de la sacristie. Je l’entendis marmonner de manière incompréhensible de l’autre côté de la porte pendant qu’il s’éloignait.

 

Intolérance

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Loin de moi l’idée d’approuver le comportement d’un professeur qui aurait eu des propos aptes à démolir la confiance en eux des jeunes étudiants en théâtre. Le respect est une valeur à laquelle je crois et à laquelle je tiens. Le professeur se doit de respecter ses élèves. Par contre, profiter de la vague d’accusations importantes et essentielles dirigée vers certains abuseurs et certains violeurs, pour se plaindre de la même façon, avec la même véhémence, et ce, sur la place publique, de l’attitude d’un professeur, et ainsi donc, par le fait même, de le mettre dans le même « bateau » que toutes ces personnes, est tout à fait inadmissible. Il aurait tellement été plus à propos, de la part du conservatoire, de le convoquer au bureau de la direction pour lui faire part des plaintes, ainsi que de leur gravité, et de lui demander de changer son attitude pour éviter, au pire, un congédiement. Au lieu de cela, un excellent acteur, un professeur d’expérience, qui a donné une grande partie de sa vie à l’enseignement, est renvoyé, sans autre forme de procès. Je ne nie pas la douleur de certains étudiants, mais je crois que si on avait pris le temps de parler à Gilbert, que si on lui avait donné la chance de réparer ses erreurs, de changer son approche, le problème aurait été résolu. Je crois que nous devenons de plus en plus intolérants et j’ai peur de l’intolérance.

Ma raison d’être

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Mon papa, Jacques Zouvi, français et juif, est arrivé ici à la fin des années quarante, avec sa soeur Lucienne. Leurs parents, Léon et Linda, mes grand-parents donc, turcs et juifs, avaient été enlevés pendant la guerre, et emmenés de Paris aux camps de concentration. Ils sont morts dans les trains qui les emmenaient. Leurs enfants, mon père et ma tante, avaient été recueillis par une voisine en France et ensuite placés, séparément, dans deux orphelinats. Mon père Jacques, 14 ans, faisait des démarches pour que sa soeur et lui se fassent adopter quelque part dans le monde. Son grand rêve était évidemment New-York. Malheureusement, toutes les familles voulaient uniquement la petite fille, Lucienne, toute seule, ou exceptionnellement, le petit garçon, aussi tout seul. Il était très difficile de trouver une famille qui accepterait les deux ensemble. Sauf une mais, à Montréal, au Canada, dans la province de Québec. La famille « Laxer » , famille juive anglophone, dans le quartier Snowdon, a accepté d’adopter mon papa Jacques ainsi que ma tante Lucienne, à la fin des années quarante. C’est la raison pour laquelle je suis ici, avec vous. C’est aussi la raison pour laquelle mon père parlait couramment l’anglais avec un accent français intense, mais un vocabulaire parfait. J’ai eu la grande chance, grâce à Michel-Marc Bouchard, Victor Pilon et Michel Lemieux, de jouer un peu mon grand-père adoptif dans la magnifique oeuvre « cité mémoire » que vous pouvez voir tous les soirs, dans le vieux Montréal. Alors, en ce 14 juillet, vive la France et vive la mémoire de mon père, Jacques.

Apprentissages

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En vieillissant, on apprend. On s’instruit, on accumule les moments de plaisir, de tristesse et de bonheur. On apprend à vivre avec nos insatisfactions, nos espérances, nos deuils; deuils des rêves qui sont restés des rêves, deuils des projets avortés, deuils des gens qu’on aime, qui meurent… Le plus difficile je crois, est de perdre des amitiés, bien en vie; anciennes amours, relations lointaines, déménagements, temps qui passe… De toutes les surprises que la vie nous réserve, celle qui est la plus bouleversante il me semble, est la perte d’une relation importante, de quelque nature qu’elle soit. Quelqu’un qui, sans partir, sans mourir, sans déménager à l’autre bout de la planète, uniquement par choix, nous élimine totalement de sa vie. C’est un chagrin d’amitié, même d’amour, d’une tristesse immense, décuplée par le sentiment d’avoir été trahi tout ce temps; on se dit: « Ça a donc été une perte de temps… Si j’avais su… Tout ce temps? Ah le temps. On dit qu’il arrange les choses. On pourrait peut-être l’aider un peu non? Been there, done that. J’en ai marre d’essayer, seul. De courir après l’harmonie. »  Oui, tous ces sentiments, ces aller-retours émotifs, qui satisfont certainement ces gens, nous font douter totalement de leurs sentiments antérieurs. Voilà mon apprentissage: je n’ai plus de temps à perdre avec eux car la vie, elle, devant, continue ».

Le moment présent

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Souvent, dans le passé, la nostalgie, le manque, le regret, entre autres, font mal. Dans le futur, la peur, l’anxiété, et l’inquiétude, entre autres, font mal aussi. Il n’y a que là. Il ne reste que cette seconde. Maintenant. À la respiration même, quand juste l’état d’être, est un fait enivrant.

Le public a aimé ça

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Voir les visages surpris et émus de mes acteurs après la première représentation devant public, lorsque les gens dans la salle se sont levés d’un souffle, entendre tous les commentaires enthousiastes après les représentations du « Jeu de l’amour et du hasard » au TNM, revoir le regard ému de tous ces camarades, ces connaissances, ces amis même, que souvent je n’avais pas vu depuis très longtemps; ressentir toute cette énergie, cette vibration intense de bonheur que je constate après les représentations, tout ça, explique peut-être pourquoi je me suis retrouvé dans la salle, presque tous les soirs. Évidemment, ça me comble et ça me donne envie de continuer. « Que d’amour! »

Diriger

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Oui, je pleure quand je dirige. Je ris aussi. Fort. Je vis, en fait. Je suis à fleur de peau. Pour guider une interprétation, un moment de jeu, je me dois d’être émotivementt impliqué; pour le bien de l’acteur ou de l’actrice, pour la vérité des personnages, pour l’authenticité, l’efficacité de la pièce et finalement, pour le public. Je ressens donc ce que le personnage et l’acteur ressentent, je vis ce que je désire que le public vive…et en l’éprouvant moi-même, je peux approfondir, ajuster, accorder et régler la généreuse création que les interprètes me livrent.

Je ne vois pas comment je pourrais faire le travail de metteur en scène uniquement avec ma tête. Je dirige avec mon coeur. Alors oui, j’ai pleuré souvent et je pleure encore en regardant les magnifiques acteurs du « jeu de l’amour et du hasard au TNM ». Ils se moquent de moi, mais ça ne fait rien, c’est de l’amour, et ça me fait pleurer encore plus, non pas de tristesse, mais de bonheur.

Au TNM jusqu’au 20 Mai 2017

L’amour de la vie

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Imaginez; vous lisez une pièce… ou même, vous l’avez vu jouer au théâtre il y a longtemps; ou même encore, quand vous aviez dix ans, votre père y a joué un rôle. Imaginez qu’en plus, vous, vous avez joué le même rôle, 20 ans plus tard, quelque mois seulement après son décès… Imaginez l’émotion. Oui.

Restez avec moi; imaginez et ressentez avec moi l’émotion créée, alors que 28 ans plus tard, un théâtre que vous adorez, où vous avez eu le bonheur de jouer souvent, vous donne l’immense privilège de monter cette même pièce, qui maintenant fait partie de votre vie car elle parle de ce qui compte le plus pour vous. Et elle en parle avec génie, elle en parle merveilleusement. Elle parle d’amour. L’amour immense et l’amour, les amours, en particulier;  l’amour qui frappe et qui rend fou, l’amour qui nous rend ridicule et souvent drôle, celui qui nous fait perdre le contrôle de nos vies, l’amour qui ne se raisonne pas, qui nous rend parfois triste, quelquefois désespéré, mais toujours, toujours, qui nous bouleverse et nous confirme avec certitude la force et la puissance de la vie.

La vie.

Le désir de partager ces grandes émotions en 2017, pour moi, est essentiel.

Vous êtes toujours avec moi? Parfait.

Imaginez que vous partagiez ce désir, cette émotion sincère qui vous transporte, avec votre scénographe, votre assistante à la mise en scène, vos créateurs de costumes, de perruques, de maquillage, de musique et d’environnement sonore, de vidéos et d’éclairage; imaginez que vous ayez aussi la chance de partager cet amour avec toute l’équipe technique, avec la grande famille du théâtre du nouveau monde, avec vos camarades et amis acteurs, et que tous, je dis bien tous, sans exception, avec leurs idées, leurs expertises, leurs émotions, leur virtuosité et leur passion du théâtre, réalise votre rêve. Tous ces gens qui vibrent avec moi et qui réalisent mon rêve, notre rêve.

Imaginez l’émotion.

Hier soir, en répétition, j’ai vu sur la scène du TNM, exactement ce que j’avais imaginé.

C’est ce que je veux offrir au public du TNM: un grand souffle d’amour.

« Le jeu de l’amour et du hasard » de Marivaux, au théâtre du nouveau monde, dès le 25 Avril 2017.

Inspiration

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Depuis quelques années nous perdons de grands acteurs, de grandes actrices, de grandes et belles personnes. Aujourd’hui, Paul Hébert. Il y a quelques jours; Janine Sutto, Yolande Roy, Benoit Girard. Depuis quelques années; Marc Favreau, Françoise Graton, Huguette Oligny, Luc Durand, Gaétan Labrèche, Amulette Garneau, André Montmorency, Paul Buissonneau, Jacques Zouvi…De grands interprètes, entre autres, de Marcel Dubé et de Michel Tremblay. Toutes ces belles inspirations, ces être humains extraordinaires qui m’ont donné envie de faire ce métier, et qui sont maintenant partis. Oui, c’est normal. C’est le cycle de la vie…

Mais en secret, je me plais à penser qu’ ils sont tous cachés quelque part dans la boite à surprise, et que Pierre Thériault, Monsieur surprise, va me les présenter à nouveau, un à un.

Oui! Piccolo, Sol, le chien échevin sourdine…Oui, je les vois tous venir à moi, tout sourire, avec ce désir de m’émerveiller, de m’apprendre, de me faire rire, et surtout, surtout…de me faire rêver.